Michel
Garroté -- La Direction générale de la sécurité
extérieure (DGSE) n'a rien à voir avec le meurtre de deux opposants congolais
fin 2000 en France, a assuré mercredi un ancien haut responsable du service de
renseignement français au procès des commanditaires présumés. La DGSE n'a rien
à voir ni de près ni de loin avec l'incident intervenu à Chasse-sur-Rhône, dans
l'est de la France, a déclaré à la barre le général Gérard Martinez, ancien
directeur adjoint du renseignement à la DGSE, devant la cour d'assises de
Grenoble (est). Deux hommes, jugés depuis lundi, sont accusés d'avoir fomenté l'assassinat
de Philémon Naluhwindja, chef Maï Maï d'une tribu de la région du Kivu en
République démocratique du Congo (RDC), et d'Aimé-Noël Atembina, conseiller
militaire du gouvernement congolais à l'époque de Mobutu Sese Seko (au pouvoir
de 1965 à 1997).
Selon
l'instruction, les deux Congolais étaient en France pour chercher des
financements afin de monter un coup d'Etat contre Laurent-Désiré Kabila, le
président de la RDC à l'époque, assassiné 18 jours après eux. L'un des deux
accusés, Benoît Chatel, homme d'affaires belge aujourd'hui disparu, avait au
cours de l'enquête révélé ses liens avec la DGSE et affirmé que les victimes
étaient suivies et écoutées par le service français. Il a gonflé la relation
(avec la DGSE), soit pour se faire mousser, soit pour faire un écran de fumée
sur d'autres activités, a affirmé le général Martinez. Selon lui, M. Chatel
n'était pas une source rémunérée mais un simple contact qui fournissait des
informations à caractère politique sur la RDC. La DGSE cherchait alors des
renseignements sur l'impact du pillage des ressources de la RDC sur la poursuite des combats dans le pays.
C'est
dans ce cadre qu'elle a travaillé avec M. Chatel, qui disposait d'un carnet
d'adresses intéressant sur place, selon M. Martinez. Il n'a pas apporté
d'information ou de renseignement critique et le contact n'a duré qu'un an,
prenant fin une fois connue l'implication de M. Chatel dans les meurtres de Chasse-sur-Rhône,
a-t-il indiqué. Les deux victimes n'étaient pas suivies, a aussi précisé M.
Martinez, même si l'une d'entre elles était connue de la DGSE pour son implication
dans un trafic d'uranium. Enfin, il a affirmé que la DGSE n'était pas informée
d'une collaboration de M. Chatel avec les services de renseignement congolais.
Mais tout le monde ici peut s'en douter après coup. A l'évolution de la
situation, on peut faire des supputations, a-t-il ajouté. Jugé par défaut, M.
Chatel serait mort, selon ses avocats. La dernière trace de lui est une photo
d'avril 2012 qui le montre en RDC aux côtés d'hommes d'affaires et d'un ancien
ministre. (©AFP / 25 février 2015 14h34)
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