Michel Garroté -- Oui,
je l’ai trouvée, la meilleure interview de l’année. C’est l’interview de l’historienne
Bat Ye’or avec la journaliste Véronique Chemla. Il y est question de l’islam, de
l’Organisation de la Coopération islamique, de l'Etat islamique en Irak et au
Levant (EIIL) et du Califat. A lire et à diffuser.
Véronique
Chemla, en introduction à l’interview, rappelle que
dans son essai L’Europe et
le spectre du califat (Editions Les
Provinciales), l'historienne Bat Ye’or
avait évoqué dès 2010 l’émergence d’un califat au travers des réseaux de l’Organisation
de la Coopération islamique (OCI). Le 29 juin 2014, l'Etat islamique en Irak et
au Levant (EIIL) ou en anglais Islamic State of Iraq and al-Sham (ISIS) -
al-Sham désignait la province de Syrie dans les précédents califats - a annoncé
le rétablissement du califat
aboli en 1924, et est désormais dénommé « Etat islamique » (EI). Ce califat
sunnite est dirigé par le chef de cet Etat islamique, Abou Bakr
al-Baghdadi, devenu le nouveau calife, « successeur du prophète dans l’exercice
du pouvoir politique ». Un califat qui s'étend « d'Alep, au nord de la Syrie, à
Dyiala, dans l'est de l'Irak ».
L’interview avec Bat Ye’or
Véronique
Chemla - En 2010, vous alertiez sur l’avènement à venir d’un
califat à l’initiative de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Or, c’est l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) qui a rétabli en juin
2014 le califat.
Cette proclamation du califat
par l’Etat islamique amoindrit-elle votre analyse concernant l’OCI ? Comment analysez-vous
ce fait nouveau ? Ce califat de l’EI occulte-t-il les actions déployées par
l’OCI parallèlement ?
Bat Ye’or - En effet, en 2010 j’évoquais
l’aspiration latente à la restauration d’un califat
qui manifesterait la puissance mondiale de l’islam et son unité. J’écrivais que
l’OCI semblait reconstituer
au XXIe siècle ce califat
du fait qu’elle se proclamait le représentant et protecteur de l’ensemble des
musulmans, l’oumma. Je citais aussi le livre d’Ali Mérad qui faisait la même analyse
et constatait une possible
reconstitution du califat sous forme de structure associative comme
celle de l’OCI.
Ces
observations se justifiaient en 2010, mais les « Printemps arabes », encouragés
par le président
Obama et des pays européens, ont semé le chaos. Nombre d’Etats
membres de l’OCI
se sont effondrés, leurs frontières ont disparu, l’anarchie, les guerres tribales,
les rivalités d’influence dans la péninsule arabique et les massacres entre
sunnites et chiites, ont affaibli l’OCI. Compte tenu du rejet des partis
islamistes par l’Egypte et la Tunisie, on peut même douter de l’adhésion de ces
populations à la restauration d’un califat qui entamerait leur souveraineté
nationale.
Des
événements semblables ne sont pas nouveaux dans les treize siècles d’histoire
islamique. Dès la mort du prophète Mahomet, la désignation du calife suscita
des guerres entre les tribus. Elle est à l’origine du conflit entre chiites et
sunnites. Parfois des califes rivaux régnaient simultanément sur de vastes
régions.
Aujourd’hui,
il est clair que ni l’OCI ni les autres pays musulmans ne peuvent reconnaître
ce califat auto-proclamé, car cela impliquerait de renoncer à leur souveraineté
et à se reconnaître vassaux de l’EI. En outre, les populations
elles-mêmes refusent cette régression au VIIe siècle. Les nombreuses
prérogatives du califat
sont d’ordre politique et religieux. Aujourd’hui la reconnaissance unanime d’un
califat exigerait un ensemble de conditions qui n’étaient pas nécessaires dans
les siècles passés. L’OCI, qui ne s’est pas proclamée un califat, mais
dont les nombreux organes représentent sur les plans économique, politique,
stratégique et culturel les préoccupations de l’oumma, continue à influencer la
politique mondiale.
Véronique
Chemla - L’Etat islamique/ISIS ébranle des Etats membres de
l’OCI : il estompe les frontières, régit déjà une partie de l’Irak et de la
Syrie, et menace par exemple la Jordanie. Comment l’Etat islamique perçoit-il
l’OCI ? Comment l’OCI perçoit-elle l’Etat islamique ? Quelles sont leurs
relations ?
Bat Ye’or - L’Etat islamique se
maintient grâce au soutien de pays membres de l’OCI, notamment le Qatar. L’EI
est intégré à l’OCI du moment que certains pays membres de l’OCI approuvent
cette stricte application de la charîa et lui apportent financement et
soutien. L’OCI compte 56 pays, certains s’opposent à l’EI dont l’Iran et la
Syrie, et d’autres le soutiennent. Il est difficile, surtout pour un esprit
occidental, de comprendre les manœuvres déroutantes des politiques arabes. Le
Qatar accepte des dérogations à la charîa et néanmoins soutient une
organisation guerrière, l’EI, appliquant rigoureusement les lois djihadistes.
L’OCI
aujourd’hui est divisée, elle ne représente pas une unité, la plupart des
leaders de 2010 furent balayés, et la guerre civile déchire les pays musulmans
du Moyen-Orient et d’Afrique. Les situations sont fluides et instables du fait
de l’imbrication de guerres inter-musulmanes dont les objectifs politiques et
religieux furent réprimés par les pouvoirs que les Printemps arabes
emportèrent. Les déplacements de populations à grande échelle ajoutent des
problèmes humanitaires cruciaux à ceux liés au terrorisme et à l’insécurité et
qui débordent sur les pays occidentaux. Par ailleurs, les pays musulmans ne
sont pas les seuls agents de cette stratégie du chaos qui fait tant de
victimes. Il faut aussi y voir les interférences occultes de pays occidentaux.
Ceux-ci, notamment l’administration
Obama, ont joué la carte des Frères Musulmans qui, avec les
Printemps arabes, apporteraient la démocratie et la liberté comme des cadeaux
bien ficelés descendus du ciel. Ce n’est pas la première fois que l’Occident
manipule l’irrédentisme djihadiste musulman à ses propres fins. Pour combattre
le communisme, la CIA créa les Talibans et encouragea le réseau des madrasas
responsable de l’instauration d’un ordre islamique rigoureux et de tous les
malheurs qui s’ensuivirent pour les populations concernées.
L’irrédentisme
palestinien contre Israël, fondamentalement religieux parce que djihadiste, fut
créé, soutenu et financé d’abord par la France, sous la présidence du général
de Gaulle, sous l’égide de Maurice Couve de Murville, ancien haut fonctionnaire
de Vichy, ministre des Affaires étrangères (1958-1968) puis Premier ministre
(1968-1969), et Louis Terrenoire, ancien ministre de l’Information (1960-1961).
Louis Massignon en fut le porte-parole passionné ainsi que l’Association de
solidarité franco-arabe (ASFA) créée en 1967 et financée par le Quai d’Orsay. A
partir de 1973 la France réussit à
associer la Communauté
européenne à sa politique
anti-israélienne représentée par l’Association Parlementaire pour la
Coopération Euro-Arabe (APCEA) fondée à Paris le 23-24 mars 1974 sur
l’initiative conjointe du député gaulliste Raymond Offroy (UDR), et du
parlementaire travailliste Christopher Mayhew. Intégrée dans chaque parlement
national des Etats européens et au Parlement européen, cette association pilier
du Dialogue
euro-arabe était liée au Comité européen de Coordination des
Associations d’Amitié avec le monde arabe appelé EURABIA.
C’est
elle qui conçut et obtint – selon ses affirmations – l’adoption par la
communauté européenne de la Déclaration
de Venise en 1980. Déclaration
qui détermine jusqu’à aujourd’hui la politique
de l’Union européenne envers
Israël et exige urbi et orbi son retrait sur les lignes du cessez-le-feu de
1949 après l’invasion de son territoire par cinq armées arabes soutenues de
l’intérieur par la guérilla arabe. On ne parlait pas alors de Palestiniens.
C’est cette Déclaration qui nourrit le djihadisme anti-israélien et le
terrorisme contre Israël. Or les circonstances qui la motivèrent, selon le
ministre allemand de la République Fédérale Allemande en 1983, Hans Dietrich
Genscher, relèvent de la volonté de la Communauté européenne de restaurer ses bonnes
relations d’affaires avec un monde arabe ulcéré par la paix séparée
égypto-israélienne (1). Dans une lettre
du 2 et 6 décembre 2010,
des anciens
ministres et commissaires
de l’UE recommandent
à l’Union européenne, de ne reconnaître aucun changement à ce qu’ils désignent
comme « les frontières de 1967 », mais qui ne sont que les lignes du
cessez-le-feu de 1949 entre Israël et les territoires de Judée et
Samarie que la Jordanie occupa
illégalement lors de l’agression militaire arabe en 1948 et d’où elle expulsa tous les habitants juifs.
Ces
personnalités recommandent la campagne BDS (Boycott Désinvestissement
Sanctions) et affirment que l’enjeu de la création de la Palestine sur ces
territoires, c’est-à-dire l’implantation d’un danger existentiel pour Israël,
implique la crédibilité de l’Union européenne (§4 et 5) par la non soumission
d’Israël à ses ordres ainsi que ses bonnes relations avec le monde arabe. Il ne
fait aucun doute que la politique de l’UE encourage les agressions terroristes
palestiniennes contre Israël. Le conflit israélo-arabe illustre l’exploitation
par l’Europe du djihadisme anti-israélien pour développer ses intérêts dans le
monde musulman. Cette politique cynique lui confère une lourde responsabilité
morale à l’égard des nombreuses victimes du terrorisme, l’incitation à la
haine, le déni des droits des Israéliens et le développement de
l’antisémitisme. A ma connaissance, l’Occident n’a jamais soutenu les musulmans
réformateurs porteurs d’un islam rénové qu’il faudrait construire, mais il a
exploité les passions djihadistes dans ses propres intérêts. Aujourd'hui, c’est
la passion djihadiste palestinienne ressuscitée dans le Palestinisme que
l’Europe, héritière de l’antisémitisme des années 1940, joue contre Israël.
Véronique
Chemla - Le 5 juillet 2014, Abou Bakr Al-Baghdadi a réclamé,
lors d'un prêche dans une mosquée importante de Mossoul (Iraq), l’allégeance
de tous les musulmans. Quels éléments de son discours peuvent
séduire ses coreligionnaires, dont les convertis, dans les pays musulmans, et
en Occident ?
Bat Ye’or - Tout d’abord, ce prêche
est un vibrant appel à la guerre sacrée (djihad) dans le langage et le style du
Coran qui communiquent une ferveur et une grande force persuasive aux jeunes et
aux masses croyantes. Ces phrases et ces incitations qui furent sans cesse
répétées dans l’endoctrinement des prêches et des prières, ont conditionné
l’adhésion des populations qui se rallient à l’EI.
A cela
s’ajoute l’énumération des souffrances et des injustices accablant les peuples
musulmans sur l’ensemble du globe et la responsabilité incombant aux
moudjahidin d’assumer leurs obligations de justicier d’Allah pour aller les
sauver. S’ils meurent au combat, ils échangeront les misères d’une courte vie
terrestre contre les délices éternels du paradis. Le combat pour Allah réclame
le sacrifice de sa vie et de ses richesses dans la joie. Les arguments donnés
dans l’appel à la guerre et surtout à la revanche contre les ennemis de l’islam,
ainsi que l’évocation de la solidarité religieuse de toute l’oumma, doivent
certainement impressionner les jeunes musulmans.
Autre
facteur : le rétablissement de l’ordre de la charîa exigé par les juristes
musulmans à toutes les époques et supprimé par l’Occident. Al-Baghdadi en promet
le retour : « Un jour viendra où le musulman pourra marcher partout comme un
maître, honoré et révéré, la tête haute et avec sa dignité préservée. Celui qui
osera l’offenser sera puni et la main qui voudra l’attaquer, sera coupée ».
Cette exigence de suprématie peut nous sembler bizarre pour nous qui
considérons que la dignité et les honneurs sont l’attribut de qualités morales
individuelles, et non liés exclusivement à une seule religion. La suprématie
constitue cependant un élément fondamental de la dhimmitude où elle régit toutes les
relations musulmans/non-musulmans.
Ce
mélange de récompenses d’Allah, d’appels répétés à la révolte contre les tyrans
et les ennemis héréditaires de l’islam, de victimologie musulmane, d’incitation
à la haine – le tout émaillé de citations coraniques et emballé dans la vision
classique du djihad promettant la possession du monde – concourent à créer un
puissant attrait sur les musulmans imbibés de cette culture islamique et familiarisés
avec ses thèmes.
Véronique
Chemla - Que pensez-vous de la Coalition contre l’Etat
islamique : elle a peiné à se constituer, ses opérations militaires ne sont pas
aussi médiatisées que l’opération israélienne Bordure
protectrice, l’Etat d’Israël en est exclu… ?
Bat Ye’or - Elle a peiné à se constituer
du fait qu’elle rompt la solidarité musulmane contre le camp des kuffars (mécréants)
et que des pays musulmans financent et aident l’EI. En outre, on ne sait ce que
représente le camp des rebelles supposés se battre contre l’EI. Il faut se
féliciter que l’Etat d’Israël soit exclu de ce panier de crabes. De toute
façon, il n’aurait pas collaboré avec des armées amies. Quant à la
surmédiatisation de l’opération
Bordure Protectrice, faut-il s’en étonner ? Elle servit à l’UE et à
l’administration Obama à vilipender le courage de l’armée israélienne, et les
extraordinaires performances
du Dôme de Fer (Iron
Dome), tout en s’achetant une protection contre le terrorisme intérieur et
extérieur. C’est le ricanement d’une UE ruinée et désavouée par ses propres
populations et d’un Obama sur le déclin.
Véronique
Chemla - Les gouvernements
occidentaux se livrent à des contorsions sémantiques en évoquant
Daesh, et non l’Etat islamique, et ce, afin d’éviter tout lien entre l’islam et
les terroristes de l’EI. En dehors du vocable et de la religion des
terroristes, quels sont les autres liens avec l’islam : la persécution
des non musulmans
(chrétiens,
yazidis,
etc.) - imposition
de la jizya,
mise
en esclavage,
statut inférieur des femmes, etc. -, la prise d’otages et leur égorgement...
Bat Ye’or - L’EI incarne par son
gouvernement et son inspiration l’Etat islamique. Il est fondé sur la guerre et
axé sur la conquête, c’est son assise principale comme l’était le premier
gouvernement islamique. Dès son origine et durant des siècles, l’Etat ottoman
s’appela l’Etat ghazi, l’Etat de la guerre contre les non-musulmans. L’appel
aux musulmans pour participer au djihad est courant. Dans toutes les guerres
anti-chrétiennes, les musulmans accourraient pour se joindre aux armées
cantonnées dans des villes-garnisons à la lisière des frontières des pays
chrétiens.
A part les faits évoqués plus haut témoignant du caractère islamique du gouvernement de l’EI, on peut y ajouter l’application des lois de la charîa, le rejet de tout emprunt à la civilisation occidentale et à ses pratiques « idolâtres » ainsi que le mépris pour ses lois faîtes par des hommes, sans même parler de toutes les déclarations des responsables se référant à la juridiction et à la théologie musulmane.
Les
Etats occidentaux, faisant preuve de leur grande érudition en théologie
islamique, se sont chargés de proclamer au niveau le plus élevé que l’EI
n’avait rien à voir avec le vrai islam. L’EI représente donc une autre
religion, une autre culture non-islamique. Ces déclarations s’inscrivent dans
la politique de l’UE menée depuis plus d’une quarantaine d’années incriminant
Israël de provoquer la guerre afin d’exonérer la civilisation du djihad et de
la dhimmitude,
corollaire du djihad. C’est la politique du déni de la réalité et de
l’affirmation de son contraire.
Mais
l’Europe et l’Amérique ne peuvent agir autrement. Depuis 1973 l’UE a fondé sa
politique sur l’axiome « islam = tolérance, paix, amour ». C’est la base
stratégique de cette nouvelle civilisation multiculturelle euro-méditerranéenne
liée à l’immigration, représentée même par un parlement dont personne ne connaît les députés (2), et garante des réconciliations euro-arabe et
islam-chrétienté. Cette société euro-méditerranéenne s’est construite sur la
promesse de l’éradication d’Israël et son remplacement par la Palestine que
l’UE couve jalousement, nourrit, finance et place au centre de son éthique.
Elle a embrigadé sa culture, son enseignement, ses médias, ses universités dans
cet endoctrinement, lançant ses cerbères contre les récalcitrants et décrétant
urbi et orbi où Israël peut construire et où sont ses frontières.
Aujourd’hui,
docile à la demande des djihadistes palestiniens, elle s’applique à effacer
l’histoire d’Israël et modifie impunément le Mont du Temple en Esplanade des
Mosquées. Jésus marchait-il sur l’Esplanade des Mosquées ? Etait-il entré à
al-Aksa? Y avait-il prié ? Peu importe, l’Europe accepte « l’Histoire » selon
Abou Abbas : « le Temple n’a jamais existé », « l’Arc de Titus à Rome se réfère
à la mosquée » et « Jésus était un prophète musulman ». La chaîne France 24 a
fait une exception pour Israël. C’est le seul pays dont le nom est omis du
ruban passant les informations en continu ; il est remplacé par « Proche-Orient
», surtout si les nouvelles proviennent de Jérusalem puisque cette ville n’est
pas en Israël. Après la Shoah des corps, l’Europe des droits de l’homme se
livre à la Shoah de l’Histoire.
Véronique
Chemla - Comment expliquez-vous l’absence de dénonciation
massive de l’Etat islamique parmi les musulmans ?
Bat Ye’or - Les musulmans ne peuvent
dénoncer leur propre civilisation et leur propre foi. Les théories de l’EI sont
prêchées par les plus grandes célébrités de l’islam comme le cheikh
Youssef al Qaradaoui,
mais elles demeuraient théoriques. Je pense qu’un très grand nombre de
musulmans les approuvent, du fait que les critiques sont si faibles. Une
dénonciation massive par ceux qui les rejettent, exigerait une organisation
légale, un financement et beaucoup de courage vu que les dissidents risquent la
mort. Certains peuples néanmoins l’on fait en rejetant les islamistes au cours
de combats sanglants. Le monde musulman est très divisé, en proie au chaos, au
terrorisme et à la destruction causée par ses conflits intérieurs. Je crois que
la guerre contre l’EI, le combat des Kurdes, le refus d’instaurer des
gouvernements islamistes, en Tunisie et notamment en Egypte où le général
al-Sissi dut affronter Obama, constituent une forte protestation des gens sur
le terrain. Ils en payent le prix par le terrorisme. Ceux qui devraient
dénoncer la barbarie de l’EI sont les musulmans d’Occident. On a entendu des
proclamations à ce sujet. Les intellectuels surtout n’ont pas craint de prendre
des risques.
Ce déni
du caractère islamique de l’EI par certains musulmans est le bienvenu. Il
implique une reconnaissance implicite du caractère barbare de ces lois
islamiques et devrait induire, par conséquent, une critique profonde conduisant
à une réforme de la pensée politique et religieuse – les deux sont liées – de
l’islam actuel. C’est maintenant que les musulmans réformistes devraient
se manifester par une ouverture aux autres, particulièrement à Israël,
l’acceptation des différences et un rejet de l’idéologie djihadiste. Sans
parler des réformes de la société musulmane. Mais on en est encore bien loin. Maintenant
on attend du président Obama et des stratèges occidentaux, des explications sur
leur politique visant à donner le pouvoir aux Frères Musulmans dans tout le
Moyen Orient. Il serait intéressant de les entendre.
(1)
Euro-Arab Dialogue. The relations between the two cultures. Acts of the Hamburg
symposium, April 11th to 15th 1983. English version ed. Derek Hopwood (London :
Croom Helm, 1983), p. 9.
(2)
Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM), créée en décembre 2003 à
Naples par le forum parlementaire euro-méditerranéen et confirmée à Dublin en
mars 2004 par la Conférence ministérielle.
Reproduction
autorisée avec mention :
excellente interview - Bath Yeor m'impressionne par sa lucidité et sa compréhension qui va au-delà des apparences. Quand on parle de l'Islam il faut aller au-delà du visible. C'est une religion, une spiritualité - en même temps qu'une culture, une façàn de vivre - et une façon de se représenter le monde. Merci Michel de l'avoir publiée
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