Michel
Garroté -- L’excellente analyste géopolitique du Center
for Security Policy, Caroline Glick, a récemment publié, sur Front Page Magazine,
l’article que voici (extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de
page) : Officiellement, l’élection du 17 mars se fera chez les Israéliens.
Selon notre vote, soit le Premier ministre Benyamin Netanyahou restera à son
poste et formera le prochain gouvernement conduit par son Parti, le Likoud, ou
bien Itzhak Herzog et Tzipi Livni formeront le gouvernement. Mais
officieusement, un drame bien plus grand se déploie. Le choix n’est pas entre
Netanyahou et Herzog/Livni. Il est entre Netanyahou et le Président des USA,
Barack Obama. De la manière dont la Maison Blanche le considère, si
Herzog/Livni forment le prochain gouvernement, alors Jérusalem dansera sur
l’air d’Obama. Si Netanyahou est réélu, alors tout l’édifice de la politique
d’Obama au Moyen-Orient peut chanceler sur sa base et s’effondrer.
Le
secrétaire d’Etat John Kerry a fait clairement connaître le désir du
gouvernement américain de renverser Netanyahou au printemps dernier par ses
remarques devant la ‘Commission Trilatérale’. Ce fut pendant ce discours
mémorable que Kerry étiqueta Israël, disant que nous deviendrions
automatiquement et naturellement un Etat d’apartheid si nous ne donnions pas Jérusalem,
la Judée et la Samarie à l’OLP, débarrassées de ses Juifs, aussi vite que
possible. Malgré la vénalité d’Israël, Kerry garde espoir. Selon lui :
« Si il y a un changement de gouvernement [en Israël], ou bien un
changement dans les cœurs, quelque chose surviendra ».
Peu
après le discours de Kerry sur l’apartheid en Israël, son médiateur au
Moyen-Orient, Martin Indyk attaqua Israël et le tempérament du Peuple israélien
dans un stupéfiant entretien au journal ‘Yediot Aharonot’. Entre autres choses
Indyk insinua que, pour obliger Israël à faire des concessions exigées par
l’OLP, les Palestiniens pourraient devoir lancer une nouvelle guerre
terroriste. Indyk insinua aussi que les Palestiniens obtiendraient leur Etat
qu’Israël accepte ou non leurs conditions. Selon lui : « Ils
obtiendront leur Etat en définitive – soit par la violence soit en se tournant
vers les organisations internationales ». Indyk fit ses déclarations comme
officiel anonyme des USA. Quand son identité fut révélée, il fut obligé de
démissionner de son poste.
Après
son départ du gouvernement, il revint à son ancien poste de vice-président de
la ‘Brookings Institution’ et de directeur de son programme de politique
étrangère. En septembre dernier, ‘The New York Times’ rapporta que le
‘Brookings Institute’ recevait 14, 8 millions de $, donation sur 4 ans du
Qatar, du directeur financier du Hamas et de ‘Frères Musulmans’. Cette semaine,
Indyk était de retour en Israël pour une intervention à la conférence annuelle
de ‘l’Institut pour les Etudes de Sécurité Nationale’. Il y donna un tableau de
ce à quoi nous pouvons nous attendre de la part du gouvernement Obama dans ses
deux années à son poste si Netanyahou forme le nouveau gouvernement. Sur le
front palestinien, Indyk avertit qu’Israël ne devrait pas se soucier d’une
résolution anti-Israël obtenue par les Palestiniens au Conseil de Sécurité de
l’ONU ; mais plutôt s’attendre à ce que les USA se joignent aux autres
membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU pour adopter une résolution
« qui posera le principe d’une solution à deux Etats, contre la volonté
d’Israël ».
Comme
Indyk l’a laissé entendre, Israël peut éviter ce triste sort s’il élit un
gouvernement Herzog/Livni. Un tel gouvernement dit-il, se pliera préventivement
à toutes les exigences des Palestiniens et évitera ainsi une confrontation avec
les USA et ses collègues au conseil de Sécurité. Indyk expliqua :
« S’il y a un gouvernement en Israël après ces élections qui décide de
rechercher une solution à deux Etats, alors il existe une voie d’avenir. Cela
commence par la coordination d’une initiative avec les USA. Puis, associé avec
eux, en se tournant vers l’Egypte et la Jordanie et la reprise de l’initiative
de paix arabe ». De même pour l’Iran, Indyk ignora les préoccupations
d’Israël sur l’accord qu’Obama cherche maintenant à conclure avec le régime
iranien concernant son programme d’armes nucléaires. Cet accord permettra à
l’Iran de parvenir au seuil nucléaire. Indyk suggéra que les USA pourraient
apaiser les préoccupations d’Israël en signant un traité bilatéral avec lui,
engageant les USA à agir si l’Iran dépassait un certain seuil nucléaire.
Il y a
seulement trois problèmes avec un tel accord. D’abord, comme ancien ambassadeur
aux USA, Itamar Rabinovich remarqua qu’un tel traité rendrait probablement
Israël incapable de prendre une décision indépendante contre des sites
nucléaires iraniens. Ensuite, les USA ont parfaitement manqué dans le passé
chaque avancée nucléaire majeure dans tout autre pays. Les agences de
renseignement des USA ont été surprises quand l’Inde, le Pakistan et la Corée
du Nord ont rejoint le club nucléaire. Elles ont toujours sous-estimé les
activités nucléaires de l’Iran et furent surprises. En d’autres termes, il
serait déraisonnable pour Israël de croire que les USA agiraient en temps voulu
pour empêcher l’Iran de transgresser le seuil nucléaire. Troisièmement bien
sûr, l’absence démontrée de volonté des USA - en particulier sous le
gouvernement Obama - de prendre la moindre mesure qui pourrait empêcher l’Iran
d’acquérir des armes nucléaires. Aussi Israël n’a, de toute façon, aucune
raison de croire que les USA honoreraient leur engagement.
Mais
alors, puisque le gouvernement Obama croit que Herzog et Livni se plieront à sa
politique, la Maison Blanche peut s’attendre à ce que ces deux-là renonceront à
leur droit à l’autodéfense et placeront la sécurité nationale d’Israël
concernant l’Iran entre les mains d’Obama. Et cela nous amène au véritable
différend qui se déploie avant le 17 mars. Quand le Président de la Chambre des
Représentants John Boehner annonça le mois dernier qu’il avait invité
Netanyahou pour s’adresser aux deux chambres réunies du Congrès au sujet de la
menace provenant du programme nucléaire de l’Iran et de l’islam radical, il a
transformé involontairement les élections israéliennes d’une affaire locale en
un différend entre Obama et Netanyahou.
La
réponse d’Obama au discours de Netanyahou a été stupéfiante. Ses attaques ad
hominem contre Netanyahou, ses décisions pour contraindre ouvertement des
législateurs Démocrates à boycotter le discours de Netanyahou, et les
tentatives agressives de l’administration de porter atteinte à la réputation
d’Israël aux USA, étaient sans précédent. Plus que tout, elles ont démontré une
crainte profonde si Netanyahou démontre le grave danger que représente la
politique d’Obama envers l’Iran et le monde islamique pour la sécurité
mondiale.
Ces
craintes sont raisonnables pour deux raisons. D’abord du fait du degré
significatif de la réponse sans vergogne du gouvernement des USA à la nouvelle
de l’intervention de Netanyahou : l’invitation de Boehner à Netanyahou a
déclenché un débat public, longtemps retardé aux USA, concernant la stratégie
de compromis d’Obama avec le régime iranien. Les partisans généralement
constants d’Obama, comme la rédaction du ‘Washington Post’, ont publié des
mises en cause cuisantes de cette politique ces dernières semaines. Ces
analyses ont noté pour la première fois qu’en se rapprochant de l’Iran, Obama
s’aliène les alliés de l’Amérique et les affaiblit, permet à l’Iran d’élargir
son programme nucléaire, renforce l’Iran régionalement alors que les USA ne
font rien pour empêcher l’emprise de l’Iran sur l’Irak, la Syrie, le Liban et
le Yémen. Ensuite il est possible que dans ses remarques sur l’Iran et l’islam
radical, Netanyahou parvienne à discréditer l’approche d’Obama sur ces deux
questions. C’est possible parce que l’approche d’Obama est difficile à
comprendre.
Après
la décapitation de 21 Chrétiens coptes égyptiens par l’Etat Islamique, le
gouvernement Obama est resté isolé dans son refus de remarquer que les victimes
ont été assassinées parce que chrétiennes. Quand l’Egypte a exercé des
représailles pour ce massacre par des frappes aériennes contre des camps
d’entraînement de l’Etat islamique et d’autres installations en Libye, le
gouvernement Obama a refusé de soutenir son allié. A lieu de cela, il a
critiqué l’Egypte pour avoir agi seule et appelé à une solution politique en
Libye, aujourd’hui dirigée par deux gouvernements rivaux, c’est devenu un
bouillon de culture de terroristes de l’Etat islamique qui transitent de la
Libye vers le Sinaï. Après le massacre de Chrétiens par l’Etat islamique, les
dirigeants du groupe ont menacé d’envahir l’Italie voisine. Le Premier ministre
d’Italie Matteo Renzi a promis une réponse puissante, puis a appelé le Conseil
de Sécurité à faire quelque chose. Le gouvernement Obama a répondu avec
froideur à un semblable appel égyptien la semaine dernière.
Le
Hamas - supposé bien plus modéré que l’Etat islamique malgré sa coopération
intense avec les forces de l’Etat islamique entraînées dans le Sinaï - a averti
l’Italie de ne pas attaquer l’Etat islamique en Libye, à moins d’être considéré
selon l’expression de Salah Bardawil comme à l’orée « d’une nouvelle croisade
contre les pays arabes et musulmans ». Pendant que tout cela se
produisait, Obama a présidé sa conférence internationale la plus révélatrice
sur la confrontation de l’extrémisme violent. Y aurait assisté des
représentants de 60 pays, où figuraient des groupes affiliés à de nombreux dirigeants
des ‘Frères Musulmans’, comme le Conseil des Relations Américano-Islamiques
(CAIR) ; le but apparent de la conférence d’Obama était de minimiser et de
nier le lien entre terrorisme et islam radical.
Dans
ses remarques mercredi, Obama donna une longue défense de son refus de
reconnaître le lien entre Islam et Etat islamique, al-Qaïda et d’autres groupes
terroristes islamiques. Il souligna que ces groupes avaient
« perverti » l’islam. Obama mit argua que l’Occident était à blâmer
pour son comportement dans ses supposés mauvais traitements historiques des
Musulmans. Selon lui, « la réalité est qu’il existe un courant de pensée
qui n’adhère pas à la tactique de l’EI, n’adopte pas la violence, mais accepte
la notion que le monde musulman a subi des griefs historiques, que cela est
parfois exact ».
L’insistance
d’Obama à dire que l’Etat islamique et ses semblables attaquent à cause d’un
mauvais comportement occidental perçu est complètement à côté de la réalité
observée. Comme le journaliste Graeme Wood sur ‘Atlantic’ l’a démontré cette
semaine dans son reportage approfondi sur l’idéologie de l’Etat islamique et
ses objectifs, l’islam est au centre du groupe. L’Etat islamique est un
mouvement apocalyptique totalement enraciné dans l’islam.
La plus
grande partie du discours programmé de Netanyahou devant le Congrès est centrée
sur son opposition à l’accord qu’Obama cherche à conclure avec l’Iran. Mais il
se peut que la seconde moitié de son discours - qui sera consacrée à la menace
posée par l’islam radical - ne soit pas moins dévastatrice pour Obama. Le refus
entêté d’Obama de reconnaître que les plus graves menaces qui surgissent pour
la sécurité mondiale aujourd’hui, y compris la sécurité nationale des USA,
proviennent de l’islam radical, indique qu’il est incapable de faire face à la
moindre preuve que l’islam radical constitue une menace unique, comparée à la
menace posée par le chauvinisme et le racisme occidentaux. Il est difficile de
comprendre que l’élection en Israël et la réponse hystérique d’Obama au
discours programmé de Netanyahou sans s’apercevoir qu’Obama se sent clairement
menacé par le message qu’il va présenter. Entouré d’assistants et de
conseillers flagorneurs, et isolé jusque récemment de toute critique par des
media partisans, tout en étant libre d’ignorer le Congrès grâce à son pouvoir
de veto, Obama n’a jamais eu à s’expliquer sérieusement sur sa politique
concernant l’Iran et les groupe islamiques en général. Il n’a jamais subi une
mise en cause directe quant à cette politique.
Aujourd’hui,
Obama pense qu’il est dans une lutte à mort avec Netanyahou. Si le discours de
celui-ci est un succès, la politique étrangère d’Obama sera indéfendable. Si
Obama est capable de délégitimer Netanyahou avant son arrivée, et de provoquer
sa défaite électorale, alors, avec un gouvernement israélien obéissant, il
n’aura aucun obstacle dans son projet de compromission avec l’Iran et pourra
reprocher le terrorisme islamique à l’Occident durant le reste de son mandat à
son poste, conclut Caroline Glick (fin des extraits adaptés ; voir liens
vers sources en bas de page).
Reproduction
autorisée avec mention :
Sources :
Par
Caroline Glick
FrontPageMagazine
Initialement
publié sur The Jerusalem Post
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Adaptation
française de Sentinelle 5775 ©
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