L’article ci-après, consacré au Hamas en
particulier et au djihad mondial en général, a été publié par la brillante
géopoliticienne Caroline Glick dans l’excellent quotidien de droite « The Jerusalem
Post » le 6 février. Le remarquable site Internet « Europe-Israël »
en donne une traduction, car l’article comporte des éléments intéressants pour
les lectrices et lecteurs francophones (extraits adaptés ; voir lien vers
source en bas de page). Le dirigeant du Hamas à Gaza, Mahmoud Zahar a appelé
les terroristes du Hamas au Liban et en Syrie à attaquer Israël « pour nous
aider à libérer la Palestine ». Dans le même temps, Zahar a nié que le
Hamas était impliqué dans l’insurrection terroriste en Egypte. Comme il l’a
dit, « Nos armes sont toujours tournées vers l’ennemi», c’est-à-dire Israël.
Le gouvernement égyptien n’a pas été impressionné par Zahar. Un tribunal égyptien a
confirmé la décision d’Octobre 2014 du gouvernement égyptien d’interdire les
forces de choc terroristes du Hamas, les Izzadin Kassam, et de les désigner
comme organisation terroriste. A la fois la désignation initiale du
gouvernement et la décision de la Cour de Justice étaient dans un certain sens,
un grand tournant. Ils marquent la première fois qu’un régime arabe définit une
organisation terroriste palestinienne comme groupe terroriste.
Mais en
vérité, l’Egypte n’avait pas le choix. Malgré ses protestations insistantes que
les juifs sont ses seuls ennemis, le Hamas, la branche palestinienne des Frères
musulmans, a été un acteur majeur, en effet, sans doute l’élément clé dans
l’insurrection djihadiste dans la péninsule du Sinaï qui menace de détruire la
vie politique, économique et la viabilité militaire de l’Etat égyptien.
Le but
déclaré de l’insurrection est de renverser le régime du président Abdel Fattah
al-Sissi et d’intégrer l’Egypte dans le ‘Califat’ de l’État islamique. La
semaine dernière on a encore assisté à une autre attaque terroriste dévastatrice
contre les forces de sécurité égyptiennes et les civils dans le Sinaï et dans
des villes d’Egypte. Trente-deux personnes, principalement des soldats, ont été
tuées dans une attaque coordonnée à multiples facettes qui comprenait la
signature de trois modes d’opération du Hamas – des mortiers, des roquettes et
des attentats-suicides.
L’attaque,
comme presque toutes les précédentes, a été mise au compte d’Ansar Bayt
al-Maqdis, un groupe djihadiste qui a fait allégeance à l’État islamique et a déclaré
le Sinaï « province de son califat ». Selon un rapport publié par Yoram
Schweitzer de l’Institut d’Etudes de Sécurité Nationale, des membres du Hamas figurent
parmi les fondateurs d’Ansar Bayt al-Maqdis. Le gouvernement égyptien considère
Gaza contrôlée par le Hamas comme le siège arrière du groupe. En fondant le
groupe, le Hamas a coopéré avec les bédouins salafistes locaux et avec des
terroristes d’Al-Qaïda qui se sont évadés des prisons égyptiennes pendant le
soulèvement de janvier 2011, contre le président d’alors, Hosni Moubarak.
Dès le
début, les forces de sécurité égyptiennes ont affirmé que ce sont les
terroristes du Hamas qui menaient les assauts contre les prisons. Parmi les
autres islamistes libérés au cours de ces casses de prison se trouvait le chef
des Frères musulmans, Mohamed Morsi. Morsi aurait utilisé les terroristes du
Hamas comme garde prétorienne de son régime. Ils étaient chargés de protéger le
régime des Frères musulmans contre des manifestants qui s’opposaient à ces
manoeuvres destinées à transformer rapidement l’Egypte en un Etat islamiste et
fer de lance de la Confrérie pour le califat mondial.
D’un
point de vue idéologique, il n’y a pas de distinction entre la Confrérie et le
Hamas. D’un point de vue organisationnel, la branche palestinienne des Frères
musulmans n’a aucune difficulté à intégrer ses forces de façon transparente
dans la grosse structure opérationnelle des Frères musulmans pour servir ce
qu’ils considèrent comme leurs buts communs. Et cela nous ramène à
l’insurrection dans le Sinaï. En plus d’affirmer que le Hamas aide Ansar Bayt
al-Maqdis, Le Caire accuse le Hamas d’avoir directement mené plusieurs attaques
terroristes de masse contre ses forces de sécurité. La plus récente, réalisée
fin Octobre 2014, a tué 31 soldats. Elle a précipité la décision du Caire
d’étendre sa zone de sécurité entre Gaza et le Sinaï de 1 à 2 km et de
commencer à vider le côté égyptien de la ville frontalière de Rafah. C’est ce
qui a également servi de catalyseur à la décision du gouvernement pour
cataloguer les Izzadin Kassam comme groupe terroriste.
Le
déclenchement de l’attaque indique l’étroite coordination entre le Hamas-Ansar
Bayt al-Maqdis et les Frères musulmans. Comme le rapportait le Washington Free
Beacon, deux jours avant les attaques les Frères musulmans ont lancé un appel à
« un long djihad sans compromis » en Egypte. La relation étroite du
Hamas avec ce qui est devenu la filiale de l’Etat islamique dans le Sinaï
pourrait bien avoir facilité l’éclosion de cellules de l’État islamique à Gaza
et en Judée – Samarie, où les terroristes du Hamas déclarent de plus en plus
leur allégeance à l’Etat islamique. Après le massacre du mois dernier des
journalistes français à Charlie Hebdo à Paris, plusieurs centaines de
manifestants à Gaza ont agité des drapeaux de l’Etat islamique tout en brûlant
le drapeau français en soutien au massacre.
Au
cours des dernières semaines, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté
plusieurs cellules d’arabes israéliens et de palestiniens de Judée-Samarie qui
cherchaient à établir des cellules de l’État islamique. Au-delà de son rôle à
la fois de leader et de facilitateur de l’insurrection dans le Sinaï de concert
avec les Frères musulmans, le Hamas sert de pont entre l’Iran et les
djihadistes sunnites. À la suite de l’opération Bordure de Protection de l’été
dernier, le Hamas a commencé à reconstruire ses liens avec l’Iran. De 2005 et
jusqu’au début de la guerre civile syrienne en 2011, lorsque le Hamas s’est
senti obligé de soutenir les Frères musulmans qui combattaient le régime
soutenu par l’Iran du président Bachar al-Assad, l’Iran servait de sponsor à
l’état primaire du Hamas. L’Iran n’a jamais coupé entièrement son soutien au
Hamas. Mais après la guerre de l’été dernier, il a rétabli son alliance
formelle avec le Hamas.
Dans
une interview à la chaîne de télévision du Hezbollah, la chaîne Al-Manar, Zahar
du Hamas a appelé l’Iran à augmenter son aide au groupe terroriste. Il a
également appelé le Hezbollah à renforcer sa coopération avec le Hamas et à
envoyer des renforts terroristes à Gaza, en Judée et Samarie. Deux jours plus
tard, le brigadier-général iranien, Amir-Ali Hajizadeh, commandant de la
division aéronautique des Gardiens de la Révolution, répondait à l’appel de
Zahar. Dans une interview avec l’Agence d’information iranienne Fars, Hajizadeh
déclarait que l’Iran exporte la technologie de fabrication des missiles et
d’autres équipements à la Syrie, à la Palestine ainsi qu’au Hezbollah libanais
pour faire face et broyer le régime sioniste, l’ISIL (l’EI) et autres groupes
Takfiri [c’est-à-dire faux islamistes].
Le rôle
du Hamas sunnite comme pont entre, d’une part, la Confrérie sunnite des Frères
musulmans égyptiens et les sunnites de l’Etat islamique, et d’autre part, et
entre l’Iran chiite et le Hezbollah chiite, ce rôle du Hamas montre deux
choses. Tout d’abord, que l’objectif du groupe djihadiste palestinien Hamas
dépasse largement la destruction d’Israël. Le Hamas constitue une menace pour
les populations bien au-delà d’Israël. Et son rôle dans la connexion terroriste
n’est pas celle d’un petit joueur, mais d’un pivot et d’une force unificatrice.
Le rôle
du Hamas montre également l’unité de la menace du totalitarisme islamique
sunnite et chiite. L’Egypte reconnaît cette unité. Selon le quotidien arabe
Al-Ahram, le chef de l’Autorité du Canal de Suez en Égypte, le
lieutenant-général, Mohab Mamish, a déclaré que l’Egypte défendra la liberté du
trafic maritime le long de Bab el Mandeb qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden.
La milice Houthi, soutenue par l’Iran, a renversé le gouvernement yéménite
soutenu par les USA. Ces forces exercent désormais un contrôle effectif sur le
pays, et avec lui, de Bab el Mandeb. Mamish a déclaré que l’Egypte
« n’acceptera pas » la fermeture de la voie navigable qui « affecte
directement le canal de Suez et la sécurité nationale ». En d’autres termes,
l’Egypte voit une unité des forces terroristes dans le continuum sunnite-chiite
et considère que la survie de l’Egypte dépend de la défaite de l’un et de
l’autre.
Israël
a fait tout ce qu’il a pu pour aider les efforts égyptiens dans le Sinaï. Les
Commandants égyptiens ont pris une mesure inédite quand ils ont remercié
publiquement Israël pour son aide. Pourtant, Israël est dans une impasse. Même
s’il cherche à aider l’Egypte dans la lutte contre le Hamas et ses alliés dans
le Sinaï, en raison des pressions américaines et européennes, Israël est
contraint de laisser le Hamas reconstruire son infrastructure terroriste à
Gaza. Comme l’a révélé dans un récent rapport, Meir Amit, le Centre de
Renseignements et de Recherche sur le Terrorisme, même si les civils de Gaza
souffrent d’une pénurie massive et du manque de logements, le Hamas a investi
d’énormes sommes d’argent dans sa production nationale pour reconstruire son
arsenal de roquettes.
Il a
restauré une grande partie de son réseau de tunnels. Et il utilise de vastes
ressources pour former et inculquer quelques 17’000 adolescents à Gaza, et pour
former des milliers de nouvelles forces. Une nouvelle milice populaire a
recruté 2’500 hommes. Deux cours d’officier du Hamas avec 1’060 cadets ont reçu
leur graduation en Décembre 2014. Comme l’a dit le directeur du centre, le Dr.
Reuven Erlich, au Jérusalem Post, « Israël va se heurter à ces forces et ces
installations dans la prochaine série de combats ».
En
d’autres termes, la capacité d’Israël à prendre des mesures efficaces contre le
Hamas de concert avec l’Egypte est entravée par l’administration Obama qui
insiste pour qu’Israël facilite le réarmement du Hamas - un développement qui
menace à la fois Israël et l’Egypte. Et Israël n’est pas seul dans cette
situation. L’Egypte est également l’objet de pressions du président Barack
Obama et de son administration.
Dans sa
guerre contre les forces djihadistes sunnites et chiites qui menacent de
détruire l’Egypte, et entre autres choses, de causer un préjudice massif pour
l’économie mondiale en mettant en péril le trafic maritime, l’Egypte se
retrouve trahie par l’administration Obama. Le mois dernier, juste quelques
jours avant l’appel des Frères musulmans à « un longue djihad
intransigeant » contre l’Egypte, les dirigeants des Frères musulmans ont
rencontré des hauts responsables américains au Département d’Etat. En réponse à
la question d’un journaliste à propos de la réunion, la porte-parole du
département d’Etat, Jen Psaki a prétendu que malgré l’appel de la Confrérie
pour la guerre sainte contre l’allié arabe le plus proche des Etats-Unis,
l’administration n’a pas de regrets sur le fait de rencontrer et ainsi de
conférer une légitimité et un soutien implicite américain à la Confrérie dans
sa guerre contre le gouvernement al-Sissi.
Les
leaders de l’opposition israélienne Isaac Herzog et Tzipi Livni ont basé leur campagne
électorale sur le dénigrement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour la
crise des relations entre Israël et la Maison Blanche. Difficile de lancer une
allégation plus destructrice et plus cynique que celle-ci. La complaisance de
l’administration Obama avec la Confrérie musulmane en dépit de son adhésion
pleine et entière au Nexus terroriste qui menace les Etats-Unis et l’ensemble
de ses alliés les plus proches, ajoutée à sa quête désespérée auprès des
mollahs iraniens, indique clairement que l’administration Obama a choisi
d’apaiser plutôt que lutter contre les pires ennemis de l’Amérique.
Peut-être
l’interprétation la plus sympathique des agressions injustifiées et nuisibles
de Livni et de Herzog contre Netanyahu est qu’ils ne peuvent tout simplement
pas accepter que le monde ait changé. Mais les tendances sont claires. La seule
chose responsable qu’Israël puisse faire, est d’agir en conséquence. Aujourd’hui
l’allié le plus proche d’Israël est l’Egypte. Sous l’administration Obama, les
États-Unis sont une puissance d’action périphérique et non de coopération (extraits
adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
Caroline
Glick - Février 2015 - carolineglick.com.
Paru en
anglais dans The Jerusalem
Post.
Traduction
Europe Israël
©
Copyright Europe Israël -
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