Bernard Antony -- Le
pape François a solennellement accompli le devoir de mémoire de l’immense
barbarie exterminatrice appelée « génocide arménien »planifié par le
régime Jeune-Turc et déclenché pour sa phase essentielle, il y aura un siècle,
le 24 avril 1915. Avec raison, François a rapproché cette mémoire de l’immense
abomination de ce que « l’État islamique », dans les mêmes délires de
cruauté sadique que les exterminateurs de 1915, fait subir « à nos frères
et sœurs sans défense, à cause de leur foi au Christ ou de leur appartenance
ethnique, publiquement et atrocement tués, décapités, crucifiés, brûlés vifs ».
Hélas, on ne peut que constater la
persistance du gouvernement turc dans son total déni de vérité de ce qui fut.
On ne s’étonne donc pas de ce que le plus haut responsable du génocide, Talaat
Pacha, soit toujours honoré sous son Mausolée à Ankara, tout comme est encore
honoré à Moscou, Lénine, l’initiateur des grandes exterminations et génocides
perpétrés par les régimes communistes. Le pape François a évoqué cette
continuité dans les exterminations de masse du XX siècle, citant « le
stalinisme et le nazisme ». L’exactitude exige de préciser que les
génocides communistes ne se ramènent pas au seul stalinisme : Lénine et
Trotski en furent les premiers concepteurs, mais, ainsi que Staline, Mao, Pol
Pot, et bien d’autres en furent les exécuteurs.
Dans notre livre à paraître pour
le 24 avril « 1915, le génocide arménien », nous développons ce qui
suit : Le génocide dit arménien a été plus exactement le génocide, en
plusieurs phases, des chrétiens d’Orient, Arméniens, Grecs et Assyro-Chaldéens,
sous gouvernement turc. C’est en étudiant longuement les faits de cette
extermination planifiée que le grand magistrat polonais (et juif) Raphaël
Lemkin a forgé le mot de « génocide » et parfaitement défini le
concept. Le génocide de 1915 avait déjà été précédé d’abord par les massacres
exterminateurs de 300’000 arméniens de 1896 à 1898 sur la volonté du monstre
sadique le sultan Abdul-Hamid II ; ensuite, en 1909, sous gouvernement
Jeune-Turc par ceux de Cilicie constituant une sorte d’exercice préparatoire à
l’éradication générale de 1915.
Si le mot « génocide » a
été forgé et défini en 1928 par Raphaël Lemkin, le modèle initial a été le
processus conçu et mis en œuvre pour anéantir « la Vendée » par
Robespierre et les montagnards de la Convention. On doit à Maître
Gilles-William Goldnadel, dans sa préface au livre de Reynald Secher « Du
Génocide au Mémoricide », une remarquable synthèse de la continuité
génocidaire des totalitarismes : jacobinisme, panturquisme, nazisme et
communisme.
Les dirigeants Jeunes-Turcs,
souvent formés dans nos universités, furent tous de grands admirateurs de la
Révolution française. On ne l’occulte nullement dans l’article consacré à
« l’empire ottoman » dans la très maçonniquement correcte
« Encyclopédie de la Franc-Maçonnerie », où l’on rappelle que l’État
Jeune-Turc fut en effet un « État maçonnique ». Tout en s’affirmant
« laïques », les dirigeants jeunes-turcs voulaient d’une Turquie
débarrassée de toute autre religion et de toute autre identité nationale et
culturelle que celles de l’islam. Ils furent constamment soutenus par le Grand
Mufti ottoman, portant le titre de « cheikh oul islam ».
Le génocide principalement
perpétré en 1915-1916 fut achevé de 1918 à 1922 par les exterminations des
Assyro-Chaldéens de Mésopotamie, dont les rescapés furent anéantis en 1933 par
le nouvel État irakien ; par celui des Grecs de Smyrne et du Pont ;
par celui des derniers Arméniens de Cilicie sous mandat français. La connivence
maçonnique entre Mustapha Kemal et Aristide Briand entraîna l’odieux abandon de
ces derniers à la constante sauvagerie sadique des bourreaux turcs, dans le mépris
du sang versé par des milliers de nos soldats et de volontaires arméniens de
notre Légion d’Orient.
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Dans votre livre vous osez inclure le génocide arménien dans une tendance plus vaste de l'islam radical, pas toujours marginal mais parfois gouvernemental, à supprimer les autres cultures. Est-ce pour forcer les conversions ? Faire de la place aux populations non seulement soumises mais musulmanes ? Avons-nous vraiment avancé depuis le temps du prophète ? S'il n'y avait pas les capitaux des monarchies pétrolières, les islamistes actuels seraient complètement marginalisés à côté de nos voisins musulmans pacifiques. L'islam ne fait peur qu'avec du pouvoir.
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