Michel
Garroté -- Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’affaire
du crash Germanwings a été « vite enterrée », si je puis me
permettre. Pourquoi ? Dans le Financial Times, un expert de l'aéronautique
affirme qu'un piratage à distance de l'avion n'est pas inenvisageable. Selon
Matt Andersson, un virus informatique ou une interception électromagnétique
pourrait permettre le crash d'un avion de ligne. C'est la raison pour laquelle
les avions militaires et les avions officiels sont particulièrement protégé à
ce niveau. Ce qui n'est pas le cas des avions civils, précise-t-il.
« D’après
les premiers éléments en notre possession, tout indique que l’équipage n’avait
plus le contrôle physique ou technique de l’appareil ». Pierre Condom,
directeur de la revue d’aviation Interavia, trouve cependant incompréhensibles
les circonstances du crash de l’Airbus A320 de Germanwings. Pas de changement
de cap ni de message de détresse, une descente rapide mais pas vertigineuse. « S’il
y avait eu une panne générale, les pilotes n’auraient pas poursuivi sur le même
cap. Même sans moteur, l’avion pouvait encore voler quelques minutes pour
mettre le cap à bâbord et atteindre la vallée du Rhône, à 50 kilomètres de là »,
analyse Pierre Condom. Il juge aussi très improbable une panne électronique,
car les systèmes sont triplés.
« Ce
qui est possible en revanche, compte tenu de ces éléments, c’est une
décompression explosive, une dépressurisation de la cabine. Et des pilotes qui
perdent conscience », ajoute l’expert en aviation. Si un choc se produit à 10’000
mètres provoquant la dépressurisation, le pilote a 25 secondes de temps de
conscience utile. Au-delà, il s’évanouit. Pour l’accidentologue en aviation Ronan
Hubert, cette hypothèse d’un problème de pressurisation de la cabine est
crédible. « S’il y avait eu un problème sur la structure de l’appareil, il y
aurait eu une modification de la trajectoire. Ce n’est pas le cas ». Pour lui,
« s’il avait été confronté à un problème technique, l’équipage aurait pu
changer de cap. Car ce n’est pas les aéroports qui manquent dans la région. Et
il aurait communiqué ». Mais il n’y a pas eu de message de détresse.
« Les
seuls éléments transmis l’ont été par le transpondeur qui communique des
informations sur le cap ou l’altitude de l’avion aux contrôleurs aériens »,
relève Ronan Hubert. « Dans le cas présent, on sait que l’avion a suivi
une trajectoire rectiligne jusqu’au crash. Il n’y a donc pas eu de
désintégration en vol. L’équipage était inconscient ou menacé, sous une
pression extérieure », conclut-il.
Le
co-pilote de la Germanwings Andreas Lubitz avait bien reçu une aptitude à
voler, suite à une grave dépression en 2009, mais les médecins de la Lufthansa
lui avaient recommandé un « suivi psychologique ». C’est de nouveau Bild am
Sonntag, l’édition dominicale de Bild, qui sort cette nouvelle révélation
concernant les antécédents d’Andreas Lubitz, le copilote qui a précipité l’A320
de la Germanwings avec 150 personnes à bord, dans les Alpes françaises. Les
médecins de la Lufthansa avaient notifié dans son dossier qu’il « devait
continuer à être suivi psychologiquement, malgré l’aptitude à voler accordée ».
Il n’a
pas été précisé si ce suivi lui a bien été dispensé, Lufthansa se refusant à
commenter « pour ne pas perturber l’enquête ». Pour rappel des faits, en 2009,
Lubitz avait interrompu plusieurs mois sa formation de pilote aux Etats-Unis au
sein de la Lufthansa, après avoir traversé une grave dépression. Rappelons que
la justice allemande a déjà dévoilé que le co-pilote du vol 4U9525 de
Germanwings a « été en traitement psychothérapeutique pour des tendances
suicidaires il y a de nombreuses années ». Le parquet de Düsseldorf avait
ensuite découvert qu’il avait fait des recherches sur Internet sur le suicide
et sur les portes de cockpits jusqu’au 23 mars, la veille du crash. C’est du
moins la version officielle.
Michel
Garroté
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