Michel
Garroté -- Retrouvé mort dans sa baignoire, le procureur
Alberto Nisman s'apprêtait à exposer devant la commission argentine de
législation pénale de la Chambre des députés le 19 janvier les preuves montrant
que la présidente Cristina Kirchner et ses proches voulaient couvrir les
Iraniens, soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat contre l'Association
mutuelle israélo-argentine de Buenos Aires (Amia), qui avait fait 85 victimes
en 1994 (Assassinat
politique : Je suis Nisman).
Cristina
Kirchner a fait sa première apparition publique, le lundi 26 janvier 2015, depuis le décès du procureur Alberto Nisman, le 19 janvier (extraits
adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Contrairement à ses
allocutions habituelles – assise à son bureau –, cette fois-ci les caméras ont
commencé en la montrant en plan large. Un changement qui ne passe pas inaperçu
dans les médias argentins, qui sont nombreux à afficher cette image à la une ce
27 janvier.
Mais ce
qui a le plus retenu l'attention des médias pendant cette heure d'allocution,
ce sont les hypothèses avancées par Cristina Kirchner au sujet de la mort du
magistrat – chargé de l'enquête sur l'attentat à l'Association mutuelle
israélo-argentine (Amia) qui fit 85 morts en 1994. Quelques jours avant sa
mort, Nisman avait assuré des preuves que la présidente de l'Argentine et
certains de ses proches essayaient de couvrir des suspects iraniens en échange
d'accords juteux en pétrole et agroalimentaire avec Téhéran. Les soupçons
s'étaient donc rapidement portés sur l'entourage de la présidente.
Sans
nuancer, Mme Kirchner a semé des doutes sur la manière d'agir de Daniel
Lagomarsino, proche collaborateur du procureur et propriétaire de l'arme qui
l'a laissé sans vie. Elle est allée jusqu'à estimer que Lagomarsino est un
"féroce opposant" au gouvernement, et le lier au groupe de médias
Clarín – ennemi juré du kirchnérisme, que le gouvernement a l'habitude
d'accuser de tentative de déstabilisation. Sur un air de défi à l'adresse des
juges et procureurs, rapporte le journal Perfil, la présidente a affirmé, en fixant
la caméra : "Ils ne me bloqueront pas, je n'ai pas peur d'eux."
Face à
l'onde de choc qu'a provoqué le décès d'Alberto Nisman dans la société, la
présidente a annoncé la dissolution du ministère du Renseignement, connu
historiquement comme "la SIDE" puis "la SI", et son
remplacement par une Agence fédérale du renseignement. Cette transformation
entraînera une purge du personnel et la création de nouveaux postes. Le projet
devrait être mis en place dans les quatre-vingt-dix jours.
"L'introduction
d'un nouvel élément dans le jeu d'échecs de ce fait divers intervient dans le
cadre de la stratégie qu'elle a fait appliquer" par les fonctionnaires et
proches du kirchnérisme. "Même sans preuves concrètes, la Casa rosada
[présidence] veut installer une forte discussion dans l'opinion publique et
jeter le trouble avec de nouvelles informations et circonstances qui permettent
d'éloigner les soupçons à l'encontre du gouvernement et d'ouvrir une autre
piste d'investigation", écrit La Nación.
Pour le
quotidien Perfil, "Cristina se concentre sur la théorie du complot contre
le gouvernement [juges, procureurs, magistrats, etc.]. Tous sont des opposants
au gouvernement et donc de potentiels suspects du crime contre Nisman. Tous
conspirent contre le kirchnérisme. [...] Mais Cristina oublie au moins deux
choses : les condoléances à la famille de la victime et l'autocritique. Le
kirchnérisme règne depuis douze ans. L'ex-SIDE est dans son orbite et,
pourtant, ce n'est que maintenant, après cette mort, qu'elle propose des
changements" (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas
de page).
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