Michel
Garroté -- Retrouvé mort dans sa baignoire, le procureur
Alberto Nisman s'apprêtait à exposer devant la commission argentine de
législation pénale de la Chambre des députés le 19 janvier les preuves montrant
que la présidente Cristina Kirchner et ses proches voulaient couvrir les
Iraniens, soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat contre l'Association
mutuelle israélo-argentine de Buenos Aires (Amia), qui avait fait 85 victimes
en 1994.
"En
1995, pendant la commémoration à l'occasion du premier anniversaire de la
tragédie, en voyant les pleurs inconsolables des familles des victimes, le tout
nouvel ambassadeur israélien s'était demandé pourquoi ils étaient si désespérés,
alors qu'en Israël ces morts se produisent au quotidien. Son assistante lui
répondit : ils sont désespérés, car ils savent que justice ne sera jamais
faite. La découverte du cadavre de Nisman, enfermé dans une salle de bains de
son appartement, est une nouvelle et macabre corroboration de cette
prophétie", écrit le quotidien La Nación. Nisman avait dédié ses quatorze
dernières années à enquêter sur cet attentat, l'un des pires de l'histoire
argentine, qui n'a toujours pas de coupables.
Le
journal rapporte que des mobilisations pour protester contre cette mort et pour
demander justice se sont organisées dans tout le pays via les réseaux sociaux.
Le hashtag #YoSoyNisman (Je suis Nisman) s'est rapidement propagé sur
Facebook et Twitter. Cette mort – la justice n'écarte pas la possibilité d'un
suicide masqué – a provoqué une onde de choc dans le pays, et le gouvernement a
décidé de déclasser des informations secrètes sur les communications maintenues
entre des agents d'intelligence accusés par le procureur de donner des
informations à l'Iran.
Sa
famille n'arrivait pas à joindre Nisman. Sa mère est allée le chercher chez
lui, dans le quartier huppé de Puerto Madero, mais a été contrainte d'appeler
un serrurier car son fils, le procureur Natalio Alberto Nisman, 51 ans, ne
répondait pas. Il l'a retrouvé mort dans la baignoire, rapporte le quotidien La
Nación, une balle dans la tête et, à ses côtés, un pistolet calibre 22 qui,
apparemment, lui appartenait. Sur le bureau du procureur, les documents qu'il
allait présenter le 19 janvier devant la commission de législation pénale de la
Chambre des députés.
Nisman
était chargé de l'enquête sur l'attentat de 1994 qui avait fait 85 morts dans
l'Association mutuelle israélo-argentine (Amia), un crime dont on ne connaît
toujours pas les responsables, vingt ans plus tard. Le 14 janvier, le procureur
avait dénoncé la création par la présidente argentine Cristina Fernández de
Kirchner, ainsi que par plusieurs proches du gouvernement (comme le ministre
des Affaires étrangères), d'un plan qui visait à couvrir l'Iran pour l'attentat
et "fabriquer l'innocence" d'ex-fonctionnaires iraniens en lien avec
l'attaque. Quelques jours avant, il avait déclaré au journal Clarín qu'il craignait de trouver
la mort dans cette affaire.
La
demande de Nisman incluait la saisie préventive de biens appartenant aux
accusés, d'une valeur de 200 millions de pesos (entre 16 et 20 millions
d'euros, au vu du taux de change fluctuant). Dans sa dénonciation de 300 pages
figurent des écoutes téléphoniques qui révèlent les conversations de la
présidente de l'Argentine avec ses proches au sujet du plan. D'après Nisman,
Cristina Kirchner aurait négocié la levée de ces accusations contre l'achat de
pétrole à Téhéran à un prix avantageux.
Le
témoignage de Ronen Bergman
Ronen
Bergman : Les plus importants responsables impliqués dans les poursuites,
les membres des services de renseignements, ainsi que mon propre gouvernement
conspirent contre la découverte de la vérité, concernant l’implication
iranienne et empêchent qu’on puisse traîner en Justice ceux qui sont les vrais
responsables », m’avait dit le Dr Alberto Nisman, au cours d’une rencontre
chez moi, à Tel Aviv, en décembre 2007. La découverte de son corps sans vie est
la preuve de la détermination glaciale de ces gens à faire l’impossible pour
empêcher la révélation de la vérité. Nisman était venu en Israël pour
rencontrer des responsables des renseignements, auprès desquels il requérait
d’obtenir un complément d’information. Lors de notre conversation, il voulait
parler de l’enquête qu’il menait et entendre quelles informations nous-mêmes
avions recueillies, lors d’une série d’enquêtes du Yediot Ahronoth sur les
attentats en Argentine, contre l’Ambassade Israélienne en 1992 et contre le
Centre caritatif de la communauté juive, l’AMIA, en 1994.
Ronen
Bergman : Il était particulièrement déterminé à régler les comptes, non seulement
avec le Hezbollah et l’Iran, qui sont à la source de ces attentats, mais aussi
avec ces responsables argentins qui essayaient de se blanchir, quant à leur
rôle dans ces affaires de terrorisme. Au cours de cet entretien, j’étais
persuadé qu’il ne s’agissait que de bravade vide de contenu, et j’avais tort. Nisman
a osé. Il a soumis à la Cour un certain nombre d’inculpations et n’a pas hésité
à s’exprimer contre les personnalités les plus puissantes, dans son propre
pays, qui font obstruction à la Justice et fabriquent de fausses preuves, même
lorsqu’il devenait évident qu’il se trouvait en grand danger et qu’il aurait dû
bénéficier de gardes du corps.
Ronen
Bergman : Nisman a accusé la Présidente Cristina Kirchner d’avoir passé un
accord secret dans le dos du public argentin visant à enterrer l’affaire, en
échange d’énormes contrats pétroliers avec l’Iran. En fin de compte, après une
enquête qui a duré au moins dix ans, personne n’a jamais été condamné pour ces
attentats et les deux enquêteurs travaillant sur le dossier ont demandé son
aide à Nisman. Il était bientôt nommé chef de l’équipe et, en dix années de
plus, il n’a jamais renoncé.
Ronen
Bergman : Malgré toutes les tentatives pour étouffer l’affaire, Nisman a
réussi à recomposer entre elles les pièces du puzzle, à partir de milliers
d’appels téléphoniques, de dizaines de voyage de diplomates iraniens cherchant
à faire pression, de transferts excessifs de comptes bancaires et de preuves
surabondantes. Sous le coup des menaces et des pressions, il a rédigé un
document juridique complet et a réussi à persuader Interpol de diffuser des
mandats d’arrêt contre de hauts-responsables iraniens, dont l’ancien Président
Rafsanjani et contre Imad Mughniyeh.
Ronen
Bergman : L’enquête de Nisman s’est transformée en boomerang politique
allant et revenant entre les divers protagonistes. Pour Nisman, un rebond a été
de trop. Lors de notre conversation téléphonique finale, il y a quelques
semaines, il paraissait heureux et plus déterminé que jamais à poursuivre
l’enquête de sa vie. « Je continuerai jusqu’à ce que les corrompus se retrouvent
face à un tribunal », disait-il alors. Cette semaine, il a payé pour
l’ensemble du travail auquel il a consacré sa vie. Il est plus que douteux que
cette investigation se poursuive après sa mort. Il est plus que probable que
les tueurs – et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il y a bien eu des assassins
– parviennent à leur but, conclut Ronen Bergman.
Reproduction
autorisée avec mention :
Sources :
Merci de cet article enfin relatant de cette sale affaire en français.
RépondreSupprimerN'oublions pas la mort du fils d'imad mughnié, celui du hizbollah qui fut assassiné à Damas en 2008, démontre que s'en prendre aux juifs dans les paradis terroristes n'est pas payant pour leur auteurs et leurs descendants.
Le général pasdaran allahdadi a été particulièrement choyé dans cette réponse du berger à la bergère, en fait les 7 cadavres retrouvés dans la zone unrwa coté syrien du Golan faisaient tache dans le décors western fantomatique de Qunaitra.
Il faut relevé que l'onu avait oublié de se plaindre dans son inlassable soutien aux logistiques terroristes du hizbollah/pasdaran installé dans le sud Liban. Il aurait été tout à fait logique, comme dans tous les cas précédents, que le banc qui mouille pour les trafiques de devises, intervienne comme à son habitude pour dénoncé une fois de plus, "l'ingérence" israélienne dans "sa" zone protégée, en protégée contre Israël et en totale partenariat avec les terroristes antisémites.
Ce ne fut pas le cas, car si Tsahal aurait dû s'interdire une telle opération, les alliés de l'unrwa, eux non plus, n'avaient rien à faire dans cette zone "tampon" !
C'est pour ça, cher Michel, que je vous transmet cette petite note concernant l'assassinat à peine déguisé du procureur argentin, peut être, celui qui fut l'un des seuls et rares procureurs argentins, en effet, les vrais procureurs ont un sérieux problème de "suicides" dans ce pays n'ayant pas encore échappé aux enquêtes de Hergé.
Oui le procureur Alberto Nisman a été vengé quasi instantanément, quelques minutes après la découverte de son corps dans sa salle de bain, on se suicide rarement avec un pistolet dans sa baignoire !
Plus, l'exécuteur d'Alberto Nisman serait suisse !!!
J'y reviendrait
Bien à vous
Un certain "louis" !!
RépondreSupprimerEt le gouvernement argentin n'a pas non attendu très longtemps pour réaffirmé cette "victoire" des réseaux fasciste avec ce fait troublant en Patagonie !
RépondreSupprimerTouristes israéliens agressés dans une auberge avec des slogans antisémites !!!