Michel
Garroté -- Que l’on soit athée ou
croyant, et, à condition de ne pas être complètement idiot, force est de
constater que l’affaire Charlie a quelque chose d’anachronique et de grotesque.
En effet, le régime socialiste français aux abois s’est livré à une formidable
manipulation de masse doublée d’une chasse aux sorciers et sorcières « islamophobes »
(ça c’est nous). Et une partie du peuple français - il faut bien l’admettre -
est tombée dans le panneau. A sa décharge, cela fait quarante ans que la caste
politico-journaleuse lui assène à coup de faucille, de marteau et de croissant
une propagande islamo-gauchiste aussi liberticide que menaçante. Certes, les
musulmans ne sont pas tous des terroristes. Mais tous les terroristes sont
musulmans. Et la frontière entre islam et islamisme est amenée à s’estomper
toujours plus.
A ce propos, Guillaume de Thieulloy écrit (extraits
adaptés ; lien vers source en bas de page) : La propagande politico-médiatique
qui a suivi les récents attentats est, sans aucun doute, un cas d’école. Un
certain jour de janvier, nous nous sommes réveillés à Pyong-Yang, en pleine
Corée du Nord, abreuvés à flots continus de tombereaux de contre-vérités et de
demi-mensonges, abreuvés surtout de messages nous enjoignant de croire que
François Hollande était le nouveau « petit père des peuples » et que,
sous sa bienveillante direction, nous ne risquions rien. Tout y est : la
manipulation du langage, la « minute de la haine » et l’unanimisme
des foules, le « grand frère » qui nous protège et nous surveille. Pourtant,
ces attentats auraient pu être – ils ont d’ailleurs été d’abord un réveil du
peuple français, déraciné de force par le pouvoir socialiste et contraint de se
soumettre (c’est le sens du mot « islam », rappelons-le) à une
culture qui n’est pas la sienne. Ces attentats auraient pu être un réveil aussi
devant le laxisme calculé de la justice de Mme Taubira. Devant le désastre
éducatif. Devant le chaos migratoire. Rien de tout cela n’est arrivé. Et il
faut tirer un coup de chapeau à François Hollande, qui, en politicard de
talent, a magistralement détourné la réaction populaire.
Guillaume
de Thieulloy : C’est une remarquable réussite. Il était déjà compliqué de
réunir la France entière derrière le slogan « Je suis Charlie »,
faisant référence à un journal d’extrême-gauche, dont l’immense majorité des
Français ignoraient jusqu’à l’existence. Mais c’est un coup de maître d’avoir
mis dans la rue, sous ce slogan, une cinquantaine de chefs d’État. Au point que
John Kerry, en charge de la diplomatie des États-Unis, s’est senti obligé de s’excuser
de n’avoir pas été à Paris le 11 janvier. Jugez un peu des réseaux et des
efforts de propagande qui ont dû être actionnés pour obtenir un tel résultat.
Guillaume
de Thieulloy : Pendant ce temps, personne ne s’interroge sur le rôle que
la prétendue Éducation nationale joue dans l’absence d’intégration des
populations immigrées (à qui on n’apprend plus rien, si ce n’est que la France
doit se « repentir » jusqu’à la fin des temps pour à peu près toute
son histoire). Personne ne s’interroge sur l’immigration de masse, ni sur l’islamisation.
Surtout pas d’amalgame : c’est, paraît-il, ce que signifiait le slogan
« Je suis Charlie ». Personne ne s’interroge non plus sur le laxisme
judiciaire. Rappelons que le sieur Coulibaly, multirécidiviste, avait été
condamné, en 2013, à 5 ans de prison ferme.
Guillaume
de Thieulloy : Pendant ce temps, Mme Taubira prépare un durcissement des
peines pour « racisme ». De qui se moque-t-on ? Une récente
circulaire aux procureurs précise même que l’absence de publicité pour des
propos supposés « racistes » (entendez en particulier : d’éventuelles
critiques de l’islam) ne les rend pas moins répréhensibles. Autrement dit, les
simples propos privés devraient désormais être passibles des tribunaux. En attendant
de rémunérer la délation. La grande manifestation populaire était d’abord pour
dire : Nous sommes chez nous. Elle a été génialement détournée sur le thème de
la liberté d’expression, comme si c’était la seule identité de la France. Et,
au nom de la « liberté d’expression », on va durcir les lois
liberticides, interdisant toute critique de l’islam et de l’immigration. Cela a
déjà commencé d’ailleurs. Puisque la manifestation de Riposte laïque, prévue le
18 janvier, a été interdite.
Guillaume
de Thieulloy : Mais, là où cette propagande est particulièrement vicieuse,
c’est qu’en outre, elle interdit de se solidariser avec l’unité nationale, aux
musulmans patriotes - et il y en a ! - et, de façon générale, à ceux qui ne se
reconnaissent dans ce ramassis de vulgarité et de militance d’extrême-gauche. Ce
nouveau clivage, qui impose « d’être Charlie » ou de renoncer à sa
qualité de Français, vise à remplacer le clivage droite-gauche et tous les
autres clivages politiques, sociaux ou culturels, pour redonner au pouvoir
socialiste la maîtrise du champ de bataille. Sur les champs de bataille
classiques, le camarade Hollande serait balayé. Sur le terrain de cette union
nationale factice, il reprend la main. D’autant que de nombreuses voix
réclament un « gouvernement d’union nationale » - qui ne pourra rien
faire d’autre que spolier les contribuables et suspendre les libertés publiques,
conclut Guillaume de Thieulloy (fin des extraits adaptés ; lien vers
source en bas de page).
De son
côté, Roberto de Mattei écrit (extraits adaptés ; lien vers source en bas
de page) : Marche contre la Terreur : c’est le titre par lequel Le Monde,
le Corriere della Sera et les principaux journaux occidentaux ont présenté le
grand défilé laïciste du 11 janvier. Jamais aucun slogan n’a été plus
hypocrite, imposé par les mass media en réaction au massacre de Paris du 7
janvier. Quel sens y a-t-il en effet à parler de Terreur sans ajouter au
substantif l’adjectif « islamique » ? L’attaque de la rédaction du
Charlie Hebdo a été perpétrée au cri de « Allah akbar ! » pour venger Mahomet
offensé par les caricatures et derrière les Kalachnikof des terroristes il y a
une vision du monde précise : la vision musulmane. C’est seulement maintenant
que les services secrets occidentaux commencent à prendre au sérieux les
menaces d’Abu Muhamad al Adnani, contenues dans un communiqué en plusieurs
langues diffusé le 21 septembre 2014 par le quotidien online The Long War
Journal.
Roberto
de Mattei : Dans ce communiqué on peut lire : « Nous conquerrons
Rome, nous briserons ses croix, nous ferons de ses femmes des esclaves avec la
permission d’Allah, le très-Haut », a déclaré à ses adeptes le porte-voix de l’Etat
islamique, qui n’a pas simplement répété qu’il fallait exterminer les « infidèles »,
où qu’ils se trouvent, mais leur a indiqué également les modalités : « Placez
de l’explosif sur leurs routes. Attaquez leurs bases, faites irruption dans
leurs maisons. Tranchez-leur la tête. Qu’ils ne se sentent en sécurité nulle
part ! Si vous ne pouvez trouver de l’explosif ou des munitions, isolez les
américains infidèles, les français infidèles ou n’importe lequel de leurs
alliés : brisez-leur le crâne à coups de pierre, tuez-les à coup de couteau,
renversez-les avec vos voitures, jetez-les dans le vide, étouffez-les ou
empoisonnez-les ».
Roberto
de Mattei : On s’illusionne en pensant que la guerre en présence n’est pas
celle qu’a déclaré l’Islam à l’Occident, mais une guerre qui se livre en
interne dans le monde musulman et que l’unique moyen pour se sauver est d’aider
l’Islam modéré à vaincre l’Islam fondamentaliste, comme l’a écrit sur le
Corriere della Sera du 11 janvier Sergio Romano, un observateur qui passe même
pour intelligent. En France, un des slogans les plus repris est celui d’éviter « l’amalgame »,
c’est-à-dire l’identification entre l’Islam modéré et l’Islam radical. Mais le
but commun de l’Islam tout entier est la conquête de l’Occident et du monde.
Qui ne partage pas cet objectif n’est pas un modéré, il n’est simplement pas un
bon musulman. Les divergences, au contraire, ne portent pas sur la fin, mais
sur les moyens : les musulmans d’Al Qaïda et de l’Isis ont embrassé la voie
léniniste de l’action violente, tandis que les Frères Musulmans utilisent
l’arme gramscienne (d’Antonio Gramsci) de l’hégémonie intellectuelle. Les
mosquées sont le centre de propulsion de cette guerre culturelle que Bat Ye’or
définit comme le soft-jihad, tandis que par le terme hard-jihad, il définit la
guerre militaire pour terroriser et éliminer l’ennemi. On peut discuter, et on
discute certainement en interne dans l’Islam, sur le choix des moyens, mais on
se rejoint sur l’objectif final, l’expansion dans le monde de la sharia, la loi
coranique.
Roberto
de Mattei : En tous les cas, le mot Islam est un substantif verbal que
l’on peut traduire en « soumission ». La soumission pour éviter la
Terreur, le scénario de l’avenir européen imaginé par le romancier Michel
Houellebecq dans son dernier livre, précipitamment retiré des librairies
françaises. Non à la Terreur signifie pour nos hommes politiques non à la
soumission violente des djihadistes, oui à une soumission pacifique, qui mène
doucement l’Occident à une condition de dhimmitude. L’Occident se dit disposé à
accepter un Islam « à visage humain ». En réalité, ce qu’il refuse
dans l’Islam n’est pas seulement la violence, mais aussi son absolutisme
religieux. Pour l’Occident il y a liberté de tuer au nom du relativisme moral,
mais pas au nom des valeurs absolues. Et pourtant l’avortement est
systématiquement pratiqué dans tous les pays occidentaux et aucun des chefs
d’Etat qui ont défilé à Paris contre la Terreur ne l’a jamais condamné. Mais
qu’est-ce que l’avortement sinon la légalisation de la Terreur, la Terreur d’Etat
promue, encouragée, justifiée ? Quel droit ont les leaders occidentaux de
manifester contre la Terreur ?
Roberto
de Mattei : Sur La Repubblica du 13 janvier 2015, tandis que l’ex-chef de
Lotta Continua Adriano Sofri célèbre L’Europe qui renaît sous la Bastille, la
philosophe post-moderne Julia Kristeva, chère au cardinal Ravasi, affirme que «
la place des Lumières a sauvé l’Europe », et que « face au risque qu’ils
couraient, liberté, égalité et fraternité ont cessé d’être des concepts
abstraits, en s’incarnant dans des millions de personnes ». Mais qui a inventé
la Terreur sinon la France républicaine, qui l’a utilisée pour éliminer tous
les opposants de la Révolution française ? L’idéologie et la pratique du
terrorisme apparaissent pour la première fois dans l’histoire avec la
Révolution française, surtout à partir du 5 septembre 1793, quand la Terreur
fut mise à l’ordre du jour par la Convention et devint une partie essentielle
du système révolutionnaire. Le premier génocide de l’histoire fut perpétré au
nom des idéaux républicains de liberté, égalité et fraternité. Le communisme
qui prétendit porter à terme le processus de sécularisation inauguré par la
Révolution française, réalisa l’extension de la terreur à l’échelle planétaire,
provoquant, en moins de soixante-dix ans, plus de 200 millions de morts. Et
qu’est-ce que le terrorisme islamique sinon une contamination de la « philosophie
du Coran » avec la pratique marx-illuministe importée de l’Occident ?
Roberto
de Mattei : Charlie Hebdo est un journal dans lequel, depuis sa fondation,
la satire a été placée au service d’une philosophie de vie libertaire, qui
prend ses racines dans l’illuminisme anti-chrétien. Le journal satirique
français s’est fait connaître par ses caricatures de Mahomet, mais il ne faut
pas oublier les dégoûtantes vignettes blasphématoires publiées en 2012 pour
revendiquer l’union homosexuelle. Les rédacteurs de Charlie Hebdo peuvent être
considérés comme une expression extrême mais cohérente de la culture
relativiste désormais répandue dans tout l’Occident, tout comme les terroristes
qui les ont tués peuvent être considérés comme l’expression extrême mais
cohérente de la haine que voue à l’Occident le vaste monde musulman. Ceux qui
revendiquent l’existence d’une Vérité absolue et objective sont assimilés par
les néo-illuminstes aux fondamentalistes islamiques. Mais nous, nous assimilons
le relativisme à l’islamisme, parce que tous deux ont en commun le fanatisme.
Le fanatisme n’est pas l’affirmation de la vérité, mais le déséquilibre
intellectuel et émotif qui naît de l’éloignement de la vérité, conclut Roberto
de Mattei (fin des extraits adaptés ; lien vers source en bas de page).
Reproduction
autorisée avec mention :
Sources :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire