Dr.
(HDR) Lucien Oulahbib -- Le problème en fait, au-delà des
manipulations provenant souvent de ceux-là mêmes qui n'ont de cesse de
condamner Israël -quasiment traité de "nazi" pour les plus extrêmes
sans oublier d'étiqueter ses dirigeants actuels "d'extrême droite",
c'est qu'à l'époque de la seconde guerre mondiale et aussi après, la question
même de l'extermination des Juifs, si elle n'était pas niée, semblait bel et
bien secondaire jusque dans les années 70, c'est ce que dénonce le site du Mémorial de la Shoah qui n'est pas, semble-t-il,
sujet à caution.
Le 6
août et le 9 septembre 1948, deux lois sont votées fixant respectivement les
statuts des « déportés et internés de la résistance » puis des
« déportés et internés politiques ». Les députés entérinent donc le
principe d’une différence de statuts entre les groupes de rapatriés. Ces lois
instaurent, nolens volens, notamment par l’attribution des décorations, une
hiérarchie entre les différentes catégories de rentrants. Sans être nommés dans
le texte de loi, les Juifs sont implicitement rattachés à la catégorie des
« politiques », qui rassemble, en fait, la masse des victimes de
l’arbitraire nazi et vichyste. À ne pas vouloir reprendre les catégories de
l’oppresseur, le législateur contribue à l’éclipse de la mémoire du génocide
juif.
Dès
1945, il existait donc suffisamment d’images ou de témoignages permettant de
connaître le processus d’extermination industrielle des Juifs, mais aussi le
sort spécifique de ceux que l’on appelait les « déportés raciaux ».
Pourtant, la voix des survivants est très peu audible. Nuit et Brouillard, le
film d’Alain Resnais et Jean Cayrol, en 1956, n’évoque pratiquement pas les
Juifs. Les camps de concentration de Buchenwald ou Dachau s’imposent comme les lieux emblématiques de l’univers
concentrationnaire tandis que les centres d’extermination situés en Pologne
tombent quelque peu dans l’oubli. Les premiers monuments et plaques dédiés aux
déportés d’Auschwitz rendent hommage à des victimes « mortes pour la
France ».
Plusieurs
facteurs contribuent à faire oublier la Solution finale et le sort spécifique
des déportés juifs de France. Les rescapés juifs susceptibles de porter ce
combat mémoriel représentent une minorité au sein de cette autre minorité que
sont les déportés politiques. Sur les 75’721 Juifs de France déportés, seuls 3%
d'entre eux sont revenus tandis que 59% des autres catégories de déportés ont survécu.
Désireux de témoigner, les déportés n’ont pas eu l’impression que l’on
souhaitait les écouter. Passé le moment de la libération, le désir de reprendre
une vie normale les conduisit aussi à vouloir tourner la page. Passée la vague
de témoignages de l’immédiat après-guerre et la période de l’épuration, un
voile est jeté sur la responsabilité de la France et du régime de Vichy dans la
mise en œuvre de la Solution finale. La remise en question du mythe d’une
France presque entièrement résistante sera la condition du réveil d’une mémoire
de la Shoah.
L’exaltation
de la figure du résistant-déporté et l’inclusion de la déportation juive dans
la catégorie plus large de « politiques » contribuèrent aussi à faire
disparaître le sort singulier des Juifs. Il faut attendre les années 1970 pour
que réapparaisse une mémoire spécifique de la déportation juive et de la Shoah.
Qu'en est-il maintenant de l'aspect plus global, mondial, comment se fait-il en
un mot que les camps d'extermination n'aient pas été considérés comme un
objectif principal et non pas un détail des combats militaires ? L'affaire est
connue : malgré les preuves fournies par nombre de personnalités, d'espions, de
résistants, l'état-major allié n'a jamais pris cette décision.
Un article du journal Le Monde (2005, Sébastien Lucas, " Les Alliés savaient-ils "?), précise ce point : "Des
demandes de bombardement d'Auschwitz sont envoyées aux Alliés en mai 1944. A la
fin juin 1944, ces télégrammes parviennent à l'Organisation mondiale des juifs orthodoxes - l'Agoudas Israël - à New York, qui les transmet au War Refugee Board
à Washington, organisme créé dans le but de venir en aide aux juifs. Ils
demandent que la Royal Air Force perturbe les transports de déportation et
bombarde les lignes de chemins de fer. Cette requête, comme les suivantes,
reçut une fin de non-recevoir, au motif que les juifs seraient sauvés par la
victoire alliée. Tandis que la déportation massive des juifs hongrois bat son
plein, Américains et Britanniques se renvoient le dossier pendant tout l'été
1944, prétextant que sauver les juifs du nazisme n'avait jamais été en soi un
but de guerre".
Le Pen,
père, pourrait rappeler cela, il ne le fait pas, jouant sur l'ambiguïté du
personnage médiatique défendant bec et ongles sa "surface" aux eaux
troubles, mais en tout cas ce n'est pas une raison pour oublier les faits ci-dessus.
Et
aussi ce que Raul Hilberg rappelait lorsqu'il conclut sa monumentale étude ‘La
destruction des Juifs d'Europe’ (éditions 2006, Folio, T.III, pp. 2243-2244)
sur le massacre des Tutsis par les Hutus : "En chiffres bruts, les Tutsis
du Rwanda, au début d'avril (1994) ne représentaient sans doute qu'un dixième
des Juifs qui devaient se laisser prendre dans l'étau allemand ; mais leurs
pertes (dépassant les 500’000 morts) furent proportionnellement aussi lourdes que
celles des Juifs avec leurs cinq millions de morts. Le désastre des Tutsis
s'est déroulé au vu et au su du monde", écrit Raul Hilberg.
Aujourd'hui
les Syriens sont massacrés, les Chrétiens d'Orient aussi, la RATP interdit que des affiches appelant à un concert de soutien
soient collées sur les panneaux du métro parisien, et les mêmes qui sont
responsables de la montée du nouvel antisémitisme en France, renvoyant dos à
dos le Hamas et Israël, seront les premiers à s'en prendre encore une fois à J.-M.
Le Pen, laissant passer, laissant faire le reste, composé, après tout, que de
"détails" des soubresauts de la "mondialisation capitaliste américano-sioniste",
Ben Laden, l'Etat islamique, n'étant que leurs "marionnettes"…
Et
qu'en est-il du Mémorial sur les camps d'extermination lente du Goulag (Plusieurs
millions de morts) et des camps chinois avec leur trafic d'organes ? Où est-il ?
Reproduction
autorisée avec mention :
Dr.
(HDR) Lucien SA Oulahbib - http://www.resiliencetv.fr/
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