Comme tu es franco-colombienne
et que tu vis en Grande Bretagne, j’ai cherché de tes nouvelles sur des sites
hispanophones, anglophones et francophones (pour les sites francophones, j’ai
mis quelques liens en bas de page). Non mais c’est vrai quoi, où es-tu passée
Ingrid Betancourt ? En parcourant les sites en trois langues, j’ai découvert
tout le mal que certaines et certains ont dit et écrit sur toi. C’est un
phénomène intéressant au plan historique et sociologique.
On dirait que tu es passée d’une
jungle à l’autre, de la jungle de Colombie à celle des médias. Oui, vraiment, c’est
intéressant au plan historique et sociologique. Lorsque tu étais dans la jungle
colombienne, les médias ont fait de toi une icône. Mais à ta libération, ces
mêmes médias t’ont vue prier à genoux sur le tarmac avec des soldats colombiens ;
et ça, ils n’ont pas supporté. Ils t’imaginaient écolo-gauchiste et voilà que
tu semblais plutôt du genre croyante ; croyante en Dieu par-dessus le
marché.
Alors ils l’ont eue
mauvaise. Ils t’ont reproché d’avoir changé. Comme si le fait d’avoir été captive
pendant six ans dans cette Amazonie humide et insalubre aurait dû augmenter le
côté écolo-gauchiste qu’ils t’avaient attribué. Ils t’ont reproché de ne pas
avoir été une sainte et une sainte nitouche en captivité. J’aurais aimé les
voir captives et captifs à ta place, toutes ces journaleuses, tous ces
journaleux. Jusqu’où auraient-elles et auraient-ils été, pour recevoir un peu
de pain ou un peu d’affection ? Jusqu’à se prostituer, comme ils et elles
le font si souvent dans leur métier ? Jusqu’où ?
A ton sujet, j’ai lu à peu
près toute les méchancetés que l’on puisse écrire sur quelqu’un. Certains ont
prétendu que tu étais millionnaire. A ta libération, tu étais si fragile et
abîmée, que tes avocats t’ont mal conseillée, profitant de ton état de
faiblesse. D’autres ont été jusqu’à fouiller dans ta vie sexuelle, passée et
présente. Je suppose que tu n’as pas perdu ton temps à lire toutes ces saletés.
En fait, je sais que tu
rédiges actuellement ton doctorat en théologie à l’Université d’Oxford. Te
demander où tu es passée, c’est surtout un prétexte pour prendre contact avec
toi. J’ai beaucoup écrit à ton sujet, pendant et après ta captivité. Puis j’ai
fait comme tous les autres. J’ai oublié que tu existais toujours. Il y a
quelque de chose d’ironique, de déconcertant, dans le fait que tu étudies la
théologie dans cette ville anglaise, humide et froide, au lieu de te dorer la
pilule au soleil.
Ça doit tout de même les
agacer - celles et ceux qui te disaient égoïste et riche - de savoir que tu ne
vis pas à Miami avec un gigolo. J’ignore le sujet de ta thèse. Je l’apprendrais
comme tout le monde le moment venu. Ne te laisse pas abattre par les langues de
vipères. Continue de vivre dans l’espérance, le pardon et la réconciliation. Fiche-toi
du reste.
Michel
Garroté
Sources :
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